Une page au hasard -3

Même principe. Une page au hasard d'un roman qui n'existe pas. 1500 signes exactement, espaces compris.

vérifier le débit de son jet. Il se souvenait que son père au même âge avait commencé à avoir des problèmes de prostate. Pour le moment tout allait bien de ce côté.

Pas un souffle de vent, mais l’air était glacé. Il frissonna. Il dormait de plus en plus tard ces derniers temps. Ses résolutions de se lever avant l’aurore n’avaient pas tenu longtemps. Il entendit au loin la tronçonneuse de Lambert, son plus proche voisin, qui s’apercevait au dernier moment que l’hiver était là.

Il rentra. La température à l’intérieur n’était guère plus clémente que dehors. Comme chaque matin l’idée le traversa de faire un peu de rangement, de se débarrasser des cartons vides de pizza, de laver la vaisselle, vider les cendriers. Il recula encore la corvée d’allumer le poêle, se dit qu’en une demi-journée, il pourrait rejoindre Kate et les gosses sur le littoral, que son exil avait assez duré. Il s’arrêta un instant devant la dernière photo qu’il avait prise d’elle, accrochée au mur par une punaise. Ses yeux indigo droit vers l’objectif, autour du cou le collier d’ambre qu’il lui avait offert. Dix-huit mois déjà qu’il avait fui les trahisons et les disputes pour se terrer ici comme un castor sous sa hutte, comme un esquimau dans son igloo. Dans sa dernière lettre elle parlait de pardon, d’essayer encore une fois. Après tout, qu’avait-il à perdre ? Comme chaque matin encore, et souvent dans l’après-midi, il décrocha le combiné. Le la de la tonalité témoignait qu’il était encore relié au monde, que