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Un brouillard
6 avril 2018

Terrain vague

Tu me parles de fidélité et aussitôt je me souviens d’un terrain vague où nous nous retrouvions souvent, mes amis et moi. C’était le temps des mobylettes, le temps de notre première adolescence. Les filles se montraient parfois, mais elles nous tenaient à distance, restaient en groupes serrés, lointaines, impénétrables, et nous prenions pour mélancolie nos désirs vagues, pour de l’amour les courants que la nature poussait en nous. Nous fumions nos premières cigarettes, buvions de la bière en bouteilles consignées, sur les capots rouillés des carcasses de voitures. Chacun prenait la pose, tâchant d’avoir l’air blasé, déjà lassé de la vie. L’indifférence à tout nous semblait l’ultime critérium de la séduction. L’enfance était si proche, comme un duvet à secouer. Toujours ensemble, toujours nous mesurant les uns aux autres comme des chiens dans une meute. Personne ne pensait au bonheur, il allait de soi, il était devant nous, dans l’état rêvé d’adulte vers lequel nous allions. Être libre comme une évidence, prendre le mors aux dents, brûler sa vie.

Aujourd’hui têtes grises, ils sont toujours là. Ceux qui restent, parce que le vent mauvais a pris sa part. Mes amis.

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